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Oxytoyen
11 juillet 2008

Le vote au féminin

LE VTE AU FÉMININ

 

Considérer la femme dans la société, c'est considérer ses droits. Depuis toujours "dominée" par l'homme, du moins socialement, la femme n'a que récemment acquis son indépendance et son autonomie juridique. Cette reconnaissance en tant qu'individu autonome et éclairé, apte à s'exprimer, n'a été engagée qu'au moment où l'homme, en sa qualité d'époux, de père, a daigné douloureusement affranchir la femme de ses simples obligations ménagères. Quelle meilleure reconnaissance que celle de la liberté d'expression, affranchie de la tutelle masculine, patriarcale, maritale.

 

Conformément à l'esprit de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, dans laquelle l'universalité des droits s'arrêtait aux courbes du genre, le droit de vote des femmes ne fut accordé qu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, après que ces dernières ont prouvé leurs capacités et pleinement contribué à la survie d'une nation entière. Ce n'est que contraints et pressés par une majorité de la population jusqu'alors aphone, que les hommes ont redonné toute la dimension et la qualité du mot universel à notre Déclaration.

 

Cette reconnaissance sociale et politique, longtemps revendiquée, quémandée, légitimement désirée, ne s'est réalisée qu'après un long processus de débats politiques unigenres. Au fil des années, et après une phase d'adaptation, la citoyenne prit toute la dimension qui lui revenait en devenant, non plus une frange instrumentalisée de l'électorat, mais une composante à part entière. Rapports complexes entretenus entre ce droit et leur détentrice, le vote féminin a évolué pour se hisser aujourd'hui comme enjeu électoral incontournable et autonome.

 

 

Quand vote s'accorde au féminin,

Car il n'y a pas eu d'électrices sans droit de vote des femmes

 

1. Bref rappel historique français du droit de vote des femmes

 

Nouvelle_imageL'histoire du vote des femmes est une bataille qui a commencé dès le XVIème siècle. Mais ce n'est qu'au XVIIIème siècle que le combat s'est réellement engagé avec les premières passes d'armes de la célèbre Marie Gouze, plus connue sous le nom d'Olympe de Gouges.

 

Née en 1748, cette femme de lettres et politique s'est toute sa vie prononcée en faveur des droits civils et politiques des femmes et pour l'abolition de l'esclavage.

 

Défendant ce qu'on appellerait anachroniquement aujourd'hui la parité, elle est célèbre surtout pour avoir présenté à Marie-Antoinette en 1791 la célèbre déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Elle déclara en introduction de sa présentation à la reine : "la femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle devrait aussi avoir le droit de monter à la tribune". Guillotinée, en 1793, pour avoir été reconnue coupable de trahison, elle laissa cependant une marque révolutionnaire indélébile dans la conscience collective de la société française en matière de reconnaissance des droits civiques des femmes.

 

Ce n'est qu'en 1876 que le flambeau fut significativement repris par la Fondation du premier groupe suffragiste français : "le droit des femmes", mené par Hubertine Auclert. En 1878, cette fondation organisa à Paris le Congrès International sur les droits des femmes et lança un Journal intitulé "la Citoyenne" qui connut un large succès. Ces initiatives marquèrent le début de débats acharnés.

 

C'est face à l'ampleur sociale et à la concrétisation des revendications que les entraves politiques ont commencé. Tout d'abord en 1903, un vote unanime du Parlement, rejette le projet de loi de Gautret accordant le droit de vote aux femmes majeures, célibataires, veuves ou divorcées, malgré l'influence grandissante et la pression du Conseil National des Femmes, autoconstitué par la Fondation.

 

Trois ans plus tard, une seconde tentative soumise au Parlement par Paul Dussaussoy prévoyait le droit de vote des femmes pour les élections municipales, les conseils d'arrondissement et les conseils généraux. Le projet fut avorté, après un débat passionné entre parlementaires.

 

En 1909, Jeanne Schmahl créait à Paris l'Union Française pour le Suffrage des Femmes (UFSF), structurant un peu plus les groupes suffragistes féminins.

 

En 1919, avec plus de succès, un projet de loi fut soumis à la Chambre des Députés (actuelle Assemblée Nationale) qui se prononça en faveur de droits politiques pour les femmes, mais le Sénat refusa d'examiner le projet et celui-ci fut rejeté. Plusieurs épisodes similaires (1925, 1927, 1932) placent la Chambre des Députés comme défenderesse des droits civiques féminins, et notamment en 1936, quand, à l'unanimité, la Chambre accorda le vote aux femmes, projet qui ne sera cependant jamais inscrit à l'ordre du jour par le Sénat.

 

C'est plus d'un siècle après les premières revendications d'Olympe de Gouges, un certain 21 avril 1944, et sur promesse du Général de Gaulle, que le droit de vote est finalement  accordé aux femmes par le Gouvernement provisoire de la République Française, confirmé par l'ordonnance du 5 octobre de la même année. Ce nouveau droit civique sera exercé un an plus tard, le 29 avril 1945 pour les élections municipales, puis en octobre pour les élections à l'Assemblée constituante (actuelle AN).

 

2. Les électrices françaises et les électrices internationales

 

L'octroi du droit de vote aux femmes françaises n'a été que tardivement reconnu comparativement à d'autres Etats. C'est en Nouvelle-Zélande que les premières électrices votèrent, en 1893. En Europe, c'est aux Finlandaises, à qui en 1906, leur fut reconnue cette qualité. Puis, vinrent l'URSS et certaines provinces canadiennes en 1918, les Etats-Unis d'Amérique l'année suivante, la Pologne en 1921, le Brésil et la Thaïlande en 1932, la Turquie en 1934, le Royaume-Uni en 1939. Ce n'est que cinquante-trois ans après la Nouvelle-Zélande, en 1944, que la France, Pays des Droits de l'Homme, reconnaît ce droit civique à ses concitoyennes.

Entre 1945 et 1948, la Hongrie, l'Indonésie, le Japon, l'Italie, Israël, l'Argentine, la Belgique reconnaissent également cette qualité aux femmes, puis la Syrie et le Pakistan en 1954, l'Espagne après la chute de Franco en 1975, et plus récemment les Emirats Arabes Unis, le Koweït et le Bhoutan.

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QUAND LE VOTE DEVIENT FÉMININ

Analyse quantitative du suffrage féminin

 

La part des femmes dans l'électorat français est une donnée fondamentale trop souvent minorée par les politologues, faussant une analyse fiable des résultats et évolutions électorales. Pour mieux appréhender le poids politique des femmes et donc leur efficience électorale, une approche quantitative doit être engagée.

 

La population française est passée de quarante huit millions en 1965 à plus de soixante deux en 2007. Les femmes légèrement plus nombreuses en France que les hommes représentent 51,5% de la population. Plusieurs raisons expliquent ce constat, notamment une espérance de vie à la naissance plus longue.

 

Cette surreprésentation démographique se retrouve également dans la composition du corps électoral français. En effet, le corps électoral féminin représentait en 2007 un peu plus de 52 % des électeurs, soit un peu moins de vingt-trois millions cinq cent mille électrices, ce qui -quantitativement- correspond à plus de deux millions de votes féminins de plus que les hommes. Il s'agit donc d'un potentiel électoral féminin (des électrices inscrites sur les listes électorales) supérieur de 9,5% à celui des hommes pour les dernières présidentielles.

 

Cependant, ces données ne permettent pas en l'état d'estimer leur poids électoral effectif. En effet, les inscrits correspondent au potentiel électoral, tandis que les votants représentent évidemment plus fidèlement le poids électoral féminin. Le nombre de votants est calculé en déduisant du nombre des inscrits les abstentionnistes, donc les inscrits non votants.


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Aux dernières élections présidentielles de 2007, le taux d'abstention des femmes a été légèrement plus important (17%) que celui des hommes (15,5%)..

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Toutefois, lorsque l''on observe le potentiel électoral féminin (donc les femmes inscrites) et que l'on y intègre la variable "abstentionniste", il est possible de définir la surreprésentation effective des femmes. Pour cela, il suffit de déduire des inscrits les abstentionnistes par classes. Cette équation donne la surreprésentation effective des votantes par rapport aux votants.

 

En 2007, le corps électoral féminin a perdu 31% de sa surreprésentation entre son potentiel inscrit et ses votantes, ce qui correspond à une surreprésentation effective de 7,8%.

 

En résumé, pour les dernières élections présidentielles de 2007 :

 

44.472.363 inscrits sur les listes électorales

 dont 23.347.990 inscrites soit 52,5 % du corps électoral

 Potentiel électoral initial = + 2.223.618 soit + 9,5 % par rapport aux hommes

 

 Abstention féminine = 3.969.158 soit 17 % du corps électoral féminin inscrit

 

 Effectivité électorale = 19.378.832 votantes

 + 1.528.737 soit + 7,9 % par rapport aux hommes (-31 %)

 

Donc, en raison d'une abstention plus forte chez les femmes que chez les hommes, leur surreprésentation a été réduite à plus 1.500.000, soit au final 7.8% de plus que les hommes, avec donc une surreprésentation réduite de 31%.

 

Cette analyse permet de mettre en avant le poids considérable de l'électorat féminin.

 

 

QUAND LE VOTE FÉMININ S'EMANCIPE

Historique sociologique du suffrage féminin

 

Droit civique récemment accordé, les femmes ont apprécié son exercice de diverses manières au fil des années. Afin d'appréhender justement cette évolution, deux critères peuvent être retenus pour l'analyser : le vote de gauche et l'abstention. Le premier est révélateur d'une évolution idéologique et sociétale, le second restant la variable de l'implication citoyenne de l'individu.

 

Le vote de gauche est considéré comme l'un des indicateurs d'une conception de la société plus réformiste et "libéraliste" (au sens sociétal du terme). Par principe confidentielles, les données sont issues des sondages préélectoraux et de sondages dit "à la sortie des urnes" pour les seconds tours présidentiels depuis 1958, opposant en 1965, Charles De Gaulle (UNR, droite) à François Mitterrand (CIR, gauche), en 1969, Georges Pompidou (UDR, droite) à Alain Poher (CD, centre) en 1974, Valéry Giscard D'Estaing (RI, centre) à François Mitterrand (PS, gauche), sept ans plus tard, François Mitterrand (PS, gauche) à Valéry Giscard D'Estaing (UDF, centre), en 1988, François Mitterrand (PS, gauche) à Jacques Chirac (RPR, droite), en 1995, Jacques Chirac (RPR, droite) à Lionel Jospin, (PS, gauche) puis en 2002, Jacques Chirac (RPR, droite) à Jean-Marie Le Pen (FN, extrême droite) et enfin en 2007, Nicolas Sarkozy (UMP, droite) à Ségolène Royal (PS, gauche).

 

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Pour 1969 et 2002, les deux candidats du second tour étant des politiques de droite, la gauche est représentée à défaut par Poher et Chirac.

 

Comme premier constat, le vote féminin s'est progressivement tourné vers la gauche. En 1965, les femmes y votent à 39%, soit 12 points de moins que les hommes. Cette période s'explique par un certain conservatisme des femmes, qui viennent de découvrir le droit de vote quelques années plus tôt et qui appréhendent avec inquiétude les revendications libérales pour la société, défendue par la gauche.

 

A compter de 1969, on note un clivage politique moins marqué entre les deux sexes, et ce jusqu'en 1988. En effet, même si les hommes votent toujours plus à gauche, la différence se résorbe à 7 points maximum en 1981, avec tout de même presque 50% des femmes votant à gauche. On peut donc dire que Mitterrand a été élu par les hommes. A partir de 1988, l'indépendance morale et sociale des femmes a donné de l'élan à une sensibilisation et une adhésion féminine aux thèses de la gauche : les femmes ont accordé leur vote à 55% au candidat de la gauche, soit un peu plus que les hommes et ce, pour la première fois.

 

Puis en 1995, seuls 47% des électeurs, hommes et femmes confondus, ont voté à gauche. C'est qu'en la personne de Chirac, nombre de français se sont reconnus, car il incarnait une certaine continuité du gaullisme et ce que l'on pourrait appeler la droite sociale. Pour les présidentielles de 2002, si seules les femmes avaient voté, le FN ne serait pas passé au second tour. On peut noter clairement un rejet des thèses frontistes par les femmes.

 

Enfin pour 2007, le vote féminin de gauche a été légèrement moindre à celui des hommes. Alors que les femmes avaient tendance à voter à gauche plus que les hommes, la particularité de cette élection est l'inversement de cette tendance.

Plusieurs raisons l'expliquent. D'une part, les femmes sont très critiques à l'égard de la communication politique, et est d'autant plus sanctionnée lorsqu'elle émane d'une femme. Ensuite, objectivement et d'après les sondages, les femmes ont été beaucoup moins persuadées par une présidence féminine, faisant abstraction de la personnalité intrinsèque de la candidate.

 

Le deuxième critère d'appréciation retenu pour l'analyse de l'histoire du vote féminin est son abstentionnisme (cf. le graphique Les femmes et l'abstention). Jusqu'en 1969, l'implication citoyenne était moindre que celle des hommes. Durant cette période d'adaptation et de familiarisation à ce nouveau droit, on observe une différence de taux d'abstention de 6 points entre homme/femme.

 

Le taux d'abstention de 1969 fait suite au mouvement de mai 68 et à la contestation à l'encontre de la classe politique, contestation principalement de gauche d'ailleurs.

 

Pour la période de 1969 à 1995, les femmes ont réduit ce qui faisait l'une de leurs  particularités, en participant davantage à la vie politique, avec un taux d'abstention restant toutefois légèrement supérieur à celui des hommes. Depuis 1995, une participation au vote plus assidue s'observe, du fait, notamment, d'une plus grande reconnaissance des femmes dans le monde professionnel. Pour les présidentielles de 2007, on note une participation féminine moindre que les hommes, et ce pour les mêmes raisons expliquées précédemment pour le vote de gauche.

 

Ces évolutions comportementales peuvent être organisées en plusieurs périodes. Pour reprendre les travaux de Janine MOSSUZ-LAVAU, Directrice de recherche au CNRS et chercheuse au CEVIPOF de Sciences Politiques Paris, on peut dégager trois phases principales.

 

La première, celle de l’apprentissage, jusqu’à la fin des années 1960. Les femmes se familiarisent avec ce nouveau droit civique, présentant deux caractéristiques : une abstention forte et un vote nettement plus orienté à droite.

La seconde période, celle du décollage, couvre la période du début des années 1970 à la moitié des années 1980. Le corps électoral féminin participe plus assidûment aux scrutins et presque autant que les hommes. L’écart observé sur le vote de gauche diminue en passant au-dessous de la barre des 10 points.

 

La dernière période, celle de l’autonomie, débute durant la seconde moitié des années 1980. Pour la première fois, les femmes votent à gauche autant que les hommes. En 1988, lors de la présidentielle, elles votent même plus à gauche que les hommes. L'abstentionnisme féminin devient également moindre que celui des hommes.

 

A la classification de Madame MOSSUZ-LAVAU, une quatrième période est à ajouter, celle de la distanciation. Phénomène des dernières présidentielles, les tendances s'inversent : les femmes se sont moins déplacées aux urnes et le vote féminin de gauche a été affecté.

 

Plusieurs études ont tenté de comprendre les raisons de l'évolution du comportement électoral féminin. Les femmes ont reconnu avoir retenu comme critère sélectif, le sexe du candidat. En effet, à la question "le sexe du candidat à l'élection présidentielle est-il un critère sélectif pour vous ?" 27% des femmes considéraient ce critère comme important, dont 12% pouvant être motif du rejet de la candidate socialiste. Les hommes étaient 22% à intégrer le critère du sexe du candidat dans leur choix électif, dont 16% avançaient la probable raison d'un vote à droite. Le sexe des candidats a donc immanquablement joué un rôle aux dernières présidentielles, impactant le vote féminin de gauche. Peut-on parler d'une misogynie féminine intériorisée ?

 

 

L'abstentionnisme s'explique quant à lui, non pas par ce qui pourrait être logiquement interprété comme un désintérêt politique, mais par le rejet d'une certaine "peopolisation" de la campagne présidentielle et de ses protagonistes plus soucieux de la gestion de leur image et de l'anecdote, que du programme et de leur conviction politique. L'abstentionnisme a été, particulièrement chez les femmes, l'expression de leur mécontentement.

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QUAND LE VOTE FÉMININ DEVIENT ENJEU POLITIQUE

Analyse qualitative du suffrage féminin

 

1. Les caractéristiques du vote féminin

 

Le vote féminin ne constitue évidemment pas un bloc électoral homogène. Toutefois de grandes caractéristiques sociologiques peuvent être dégagées en fonction de trois facteurs : l'accès à l'université, le taux d'activité professionnelle et la pratique religieuse.

Tout d’abord, l'accès à l'université constitue un critère caractéristique d'intérêt pour la politique : l'intérêt croît proportionnellement au niveau d'études. L'enseignement supérieur est, par essence, un préalable à la formation intellectuelle et laisse transparaître les mécanismes politiques et fonctionnels de la société. En 1950, sur 125.000 étudiants, les femmes ne représentent que 36% des effectifs. En 1971, elles deviennent plus nombreuses que les hommes dans l’enseignement supérieur. En 2006, pour 2.254.000 étudiants, 56,7% sont des femmes (OVE, rapport mars 2006). Le niveau d'études est globalement facteur d'implication politique et d'un vote plus à gauche.

 

La deuxième raison, plus déterminante, tient à leur entrée massive dans le monde du travail. Les femmes constituaient, en 1954, 34,6% de la population active. Aujourd'hui, elles représentent plus de 47% des actifs. Leur nombre progresse notamment dans les couches socioéconomiques plus favorisées, même si par ailleurs, elles sont encore plus nombreuses que les hommes à être au chômage, à avoir des emplois atypiques et précaires, et de bas salaires. L’enquête menée pour le Centre d'Etude de la Vie Politique Française, en 1978, pour les législatives, a mis en évidence l’importance du facteur travail. En effet, plus les femmes sont actives, plus elles sont engagées politiquement et à gauche. En revanche, les femmes au foyer et n'ayant jamais travaillé sont plus tentées par un vote de droite. Par exemple, pour l'élection présidentielle de 1988, 47% des femmes travaillant à temps complet ont voté à gauche, pour 27% de celles restant au foyer.

 

Le troisième facteur réside dans la baisse de la pratique religieuse. En 1952, 52% des femmes étaient des pratiquantes régulières contre 29% des hommes. Au début des années 1990, cet écart s’est considérablement réduit, principalement parce que le nombre global de pratiquants n’a cessé de chuter. Or la pratique religieuse régulière est associée à un vote conservateur. Aujourd’hui exonérées de l’emprise de l’Eglise, les femmes n’ont plus de complexes à diversifier leurs votes.

 

Ces trois facteurs - éducation, travail, pratiques religieuses - vont dans le même sens, celui d’une plus forte mobilisation électorale et d’un plus grand engagement à gauche.

 

A ces critères s'ajoute la variable de l'âge. Parmi les jeunes (moins de 35 ans), les femmes sont nettement plus nombreuses que les hommes à voter à gauche, contrairement aux femmes plus âgées qui sont plus sensibles aux thèses de droite. Il y a là un effet générationnel important lié notamment au fait qu'une proportion importante des femmes plus âgées se révèle être catholiques pratiquantes et femmes au foyer et/ou n'ayant jamais travaillé, critères sociologiques prédisposant un vote à droite. Toutefois, globalement plus nombreuses à se situer à gauche, elles le sont également chez les "ni-ni", ni gauche - ni droite.

 

Enfin, les femmes sont moins sensibles aux thèses des extrêmes, qu'elles soient de gauche ou de droite. En effet, une analyse faite par Janine MOSSUZ-LAVAU révèle les motivations de ce rejet, lors de la présidentielle de 2002. Ce refus de l'extrême droite s'explique notamment par le caractère guerrier du FN et les attaques récurrentes des dirigeants frontistes à l'encontre des conquêtes des femmes, notamment le droit de disposer de leur corps, avec l'IVG ou la contraception. Concernant l'extrême gauche, le ressenti féminin est généralement celui de l'appréhension de l'utopisme. En effet, globalement leur capacité de gestion, de par le rôle familial dans lequel elles ont été confinées durant des décennies, leur donnent une perception particulièrement efficace de la "transposablilité" et application d'actions et de promesses politiques. C'est pourquoi, les femmes votent en grande majorité pour les partis de gouvernement.

2. Les femmes et les sensibilités politiques

 

Sur la base d'une enquête réalisée auprès de 151 personnes, reprenant les questions d'un sondage CEVIPOF de 2007, abordant plusieurs thèmes : sociétal, économique et politique, les conclusions suivantes ressortent :

 

Abordant les questions économiques, les femmes sont largement disposées à reconnaître les bienfaits du libéralisme économique, bien qu'en en étant légèrement moins persuadées que les hommes (76% contre 78%). La question du chômage est une question à laquelle les femmes sont plus sensibles et positionnée comme priorité des politiques à mener, tout comme l'augmentation du SMIC à porter à 1.500€, sujet de campagne aux dernières présidentielles. Ces positions sont probablement issues des discriminations professionnelles au travail dont elles sont ou ont été victimes.

 

Globalement, les femmes sont peu confiantes en l'avenir. En effet, la mesure de l'indice de confiance, sondage récurrent dans les médias, démontre un pessimisme plus systématique chez les femmes que chez le sexe opposé, qu'il s'agisse de l'avenir de la planète, des conditions économiques, ou de la confiance envers la classe politique. De même, les femmes sont particulièrement sensibles aux problèmes de l'insécurité, et plus ferventes demandeuses de mesures sécuritaires (de manière étonnement significative, 44% souhaiteraient le rétablissement de la peine de mort, contre 38% des hommes – cette classe de population étant distinctement constituée de personnes de plus de 35 ans), ce qui peut se justifier par un sentiment de vulnérabilité. La radicalité de cette position est surprenante en comparaison de la volonté féminine de pacification des relations internationales.

 

Enfin, concernant les thèmes sociaux et sociétaux, les femmes sont généralement plus tolérantes et libérales que les hommes. Deux exemples : les femmes sont plus de 50% à vouloir accorder la possibilité de se marier aux couples homosexuels (contre 43% des hommes) et 83% souhaitent une législation encadrant l'euthanasie. Egalement, en politique, 61% des femmes sont convaincues que les choses iraient mieux si plus de femmes étaient en politique (+10 points par rapport aux hommes) et 63% pensent que la démocratie participative devrait être un mode de gouvernance plus fréquemment utilisé (contre 52% des hommes).

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(en rouge : thème social, en bleu : thème économique, en vert : thème politique)

 

 

CONCLUSION

 

Le poids électoral des femmes, souvent sous-estimé ou méconnu, est indéniable et répond à plusieurs caractéristiques qu'il serait inconsidéré de négliger, d'autant que leur assiduité aux urnes se confirme. Les femmes, représentant plus de la moitié des électeurs français, entretiennent un rapport subtil avec la politique et aspirent au libéralisme social, tout en prônant une conception non pas sécuritaire, mais protectrice de la société. Bien que leur fidélité politique soit relative, les électrices ont tendance à accorder plus facilement et de manière constante leur vote à gauche aux dernières échéances électorales.

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