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Oxytoyen
11 mai 2008

Les raisons d'une génération désenchantée ...

Nul ne peut remettre en question la notoriété des dessins animés de Walt Disney. Comme nul ne peut remettre en cause la responsabilité de Walt Disney dans les maux psychologiques, sexuels et sentimentaux d'une génération toute entière, celle des 15-30 ans...

La société est en constante évolution, notamment dans ses rapports entre les individus et leur conception de la vie amoureuse. Et quoi de plus fondamental pour l'individu que de se positionner à ce niveau, bien avant même que sur le plan social ou professionnel.

Au fil des années, de nombreux schémas sont devenus possibles pour vivre sa vie : vie de couple et mariage, célibataire, amant, colocation, union libre... On ne peut que se réjouir de cette libéralisation des mœurs. La liberté de choix est sans commune mesure préférable aux dogmes ancestraux défendant la vie de couple comme seul schéma acceptable, inévitablement familial. Auparavant les célibataires étaient suspectés d'anormalité. Qui a dit qu'il fallait être en couple pour être heureux ?

Pour faire simple, imaginons la scène.
Nouvellement créé, je me rends au Centre d'Information et d'Orientation Personnelle (inspiré des Centres d'Information et d'Orientation, pour les jeunes sur le plan professionnel). Un conseiller me reçoit et me fait remplir une feuille, sur laquelle une flopée de questions particulièrement intimes. Je me suis senti très mal à l'aise au début, je l'avoue.
Je commence. Dans quel cadre souhaiteriez vous évoluer ?
Catégories : Vie de couple,  PACS, union libre, célibataire, amant/maîtresse, autres
Quel partenaire ?
Sexe opposé, même sexe, indéfini, ne sais pas, autres
Puis une série de sous catégories étaient proposées : fidélité, épanouissement sexuel, épanouissement sentimental, mariage, parentalité, nombre de partenaires souhaités, etc.
Donc au bout d'une heure d'entretien, j'avais le choix entre deux possibilités...
Et j'ai fait part au conseiller de l'ambivalence entre ce à quoi j'aspirai et ce qui m'était dicté inconsciemment... Il me regarde, regarde ma fiche, et me dis "c'est normal, vous êtes de la e d'âge perturbée".
Je lui demande pardon et de m'expliquer la raison de cette remarque. Il me semblait beaucoup moins sympathique qu'au début.
Puis, il me dit d'un ton assuré : "C'est pas de votre faute, mais celle de Walt Disney".
Surpris, il m'explique.
Quand je suis sorti, même si je n'étais pas plus avancé, mais j'ai compris certaines choses.

 

Cette histoire (fictive, si jamais ...) montre la multitude de combinaisons possibles, mais pour une génération principalement : les actuels 20-30 ans, avec de probables débordements sur les plus jeunes. Pour les plus âgés, il est plus difficile d'envisager des schémas trop "originaux". 

Cette génération "perturbée", celle même qui commence à s'investir dans une relation, a effectué ses choix pour l'avenir, se trouve confrontée à un dilemme digne de Shakespeare, entre les "options proposées et que je souhaiterai retenir" et les "options que je pensai vouloir et qu'après réflexion, ne me correspondent pas".

Pourquoi, ne pas simplement opté pour ce que l'on aimerait ? Et bien la réponse est simple, nos idéaux personnels sont fortement inspirés, voire formatés par les schémas familiaux (dont on se détache bien plus volontiers depuis des années) et les schémas des dessins animés de Walt Disney. 

Cette seconde explication peut paraître originale. Sans contester la popularité des films et le fait que nombre d'enfants connaissent chacun des personnages, nous allons rapidement regarder les évolutions de scénario.


Evolution_Walt_DisneyPremière phase :
- Jusqu'à la fin des années 1950
- Dessins animés 
: Cendrillon, Blanche-Neige, La Belle au Bois Dormant...
Les scénarii utilisent des personnages aux destins magiques. Il est question de princesses, de châteaux, de royaumes... Les personnages sont humains, les héros "conventionnels" et ils évoluent conformément aux schémas sociaux de l'époque (famille, mariage...), dans un environnement plutôt réaliste (outre Fantasia).

Deuxième phase :
- Jusqu'à la fin des années 1970
- Dessins animés : les 101 Dalmatiens, les Aristochats...
Cette phase peut être considérée comme plus légère de par les thèmes abordés et les aventures des protagonistes. Les personnages sont des animaux. Leurs quêtes et aventures sont plus altruistes et les histoires amoureuses moins centrales. Le spectateur est toujours bercé dans un monde enchanté où les méchants sont rapidement identifiés.

Troisième phase :
- Jusqu'au milieu des années 1990
- Dessins animés : La Belle et la Bête, Aladdin, La Petite Sirène ...
Cette période est un compromis entre les deux premières phases avec un retour au féerique et des intrigues amoureuses centrales. Les animaux sont beaucoup plus présents. Cette phase est celle qui a été la plus personnalisée, car toujours la dimension féerique, respectant les schémas sociaux et amoureux types.

Quatrième phase :
- Jusqu'au début des années 2000
- Dessins animés : le Bossu de Notre-Dame, Mulan ...
Période la plus courte mais aussi la plus grave. Les scénarii sont plus lourds et abordent des questions plus délicates, comme le travestissement de Mulan, l'acceptation de sa situation par Quasimodo, des scènes un peu plus dures, plus "violentes", montrant l'homme moins bon, la fin pas telle qu'espérait ... Mais toujours des histoires d'amour, et plus difficilement envisageable.

Cinquième phase :
- Jusqu'à aujourd'hui
- Dessins animés : Monstres et Compagnie, la Ferme se rebelle, Ratatouille, Cars 

Les histoires sont beaucoup plus légères à nouveau. La fonction divertissement est revenu comme pour la deuxième période. Il y a beaucoup moins d'histoire d'amour, et apparition des héros animaux et/ou objet. Avec des mondes plus féeriques, moins graves, et ou le destin des personnages est moindre (hormis Frère des Ours). De plus, correspond à la nouvelle génération de dessins animés en 3 D.

 

Et c'est justement cette génération qui a été la plus réceptive à la période, dite "classique" où les films avaient des intrigues essentiellement amoureuses avec des héros aux personnalités stables et aux volontés claires, aux happy end, avec mariage et enfants.

C'est alors, que pour cette génération, les aspirations se calquent à ce qui était représenté comme un idéal auquel il faudrait tendre.

Pour confirmer l'idée selon laquelle Walt Disney est sans conteste, une véritable machine de guerre médiatique, à la force de persuasion sans faille, lors de la sortie du Film Ratatouille, la rancune des Américains à l'égard de La France s'est atténuée, voire disparue. Les enfants se sont épris de la cuisine française, ayant ensuite une incidence sur les parents. Comment peut-on rivaliser avec une telle maîtrise du subconscient. Les plus grandes agences de communication paraissent bien médiocres en comparaison.

Pour en revenir à cette génération "perturbée", l'impact de Walt Disney est évident en partie responsable des tortures psychologiques, rendant chaque rupture un psychodrame, chaque déception une remise en cause cornélienne.

Car nous savons avoir la possibilité d'opter pour des schémas plus adaptés à notre mode de vie personnelle, mais nos idéaux disneyiens nous restreignent dans l'acceptation d'une telle situation. Il y a une autocensure.

Donc simple constat, qui débouche sur l'incrimination de Walt Disney pour une partie du mal de vivre d'une génération, en ayant perturbée son jugement individuel et formatée ses idéaux, alors même qu'il savait pouvoir être moins intrusif et idéaliste (comme le montre les phases 2 et 5).

Walt Disney n'étant pas seul coupable, de nombreux complices ont participé : les parents, s'ils avaient conscience de participer à une torture psychologique post-adolescence.

Mais le phénomène commencera à être enrayé lorsqu'un Walt Disney aura pour scénario une famille de loutres, où la mère infidèle, donne naissance à un bébé mi-castor mi-loutre, dont le géniteur n'est autre que Monsieur Castor, meilleur ami de Monsieur Loutre. Cela ne respecte pas la tradition de Walt Disney, mais ce film pourrait être le premier en adéquation avec les mœurs de notre temps. Peut-être cela serait salutaire pour l'équilibre mental des générations futures ?

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